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indignation, étaient déjà presque oubliés et passés à l’état de légende.

Les journaux eux-mêmes ne mettaient plus, que de temps en temps, un court entre-filet, et par acquit de conscience, afin de ne pas paraître ne plus s’en occuper et afin de tenir leurs lecteurs en haleine.

De plus, et cela malheureusement, la situation politique se tendait de plus en plus

Tout craquait à la fois dans la machine gouvernementale.

Les derniers jours du régime impérial n’allaient pas tarder à arriver, sous le poids des crimes et des fautes commises et accumulées depuis dix-huit ans.

L’Empire se débattait sans espoir dans les affres de l’agonie : tout se désorganisait avec une rapidité effrayante, ou, pour mieux dire, c’était un effondrement général.

L’administration de la police, détournée comme toutes les autres, de sa voie veritable, était devenue essentiellement politique, une redoutable arme de combat contre la population indignée et frémissante.

Ses agents ne se préoccupaient plus, par ordre supérieur, qu’à créer des émotions factices parmi le peuple, à rechercher et à enlever sans procès et à faire disparaître secrètement les adversaires les plus redoutés du régime impérial, enfin à refaire à celui-ci par tous les moyens, même les moins avouables, un regain de popularité factice.

On excitait et l’on essayait de faire vibrer la corde guerrière, toujours si sensible en France.

On préparait déjà, à petit bruit, cette impolitique et fatale campagne de 1870, cette guerre dynastique sur laquelle l’Empire honni et conspué, allait, avec un cœur léger, jeter gaiement sa dernière carte, qui devait nous coûter dix milliards, deux provinces, et tant de honte, de sang et de larmes !

Tandis que tout s’en allait ainsi à vau-l’eau, les malfaiteurs de toutes espèces affluaient de tous les départements