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Pendant l’absence de sa cliente, le cocher était descendu de son siège et avait allumé sa pipe, qu’il fumait tout en se promenant devant la grille de l’hôtel.

Au bout d’un instant, un passant, dont personne ne put donner le signalement, lui avait demandé du feu, avait longuement causé avec lui, et probablement était monté dans la voiture du côté opposé à l’hôtel, car personne ne l’avait vu s’éloigner.

Sa pipe fumée, le cocher était aussitôt remonté sur son siège ; il avait repris ses guides et s’était tenu prêt à repartir au premier signal.

On avait remarqué surtout que, malgré le beau temps et la chaleur, cet homme avait relevé le collet de sa houppelande et enfoncé son chapeau sur ses yeux, de façon à cacher complètement son visage.

En sortant de l’hôtel, la dame inconnue s’était approchée du cocher et lui avait dit :

— Conduisez-moi où je vous ai pris.

Ces mots avaient été articulés difficilement, avec un fort accent étranger, et comme une leçon apprise d’avance.

Puis cette dame avait ouvert elle-même la portière et était montée dans la voiture.

Un cri horrible s’était aussitôt fait entendre, et le cheval, vigoureusement fouetté par le cocher, était parti à fond de train du côté de l’avenue de la Grande-Armée, dans la direction du pont de Neuilly.

On s’était élancé à la poursuite de la voiture.

Personne ne s’était aperçu de la fuite de l’assassin. On avait vu seulement la portière ouverte et battant avec fracas contre la caisse de la voiture, qui finalement avait été arrêtée par un cavalier près de l’avenue de Wagram.

Le commissaire de police se tourna alors vers le jeune comte, dont il tenait la carte à la main, et après lui avoir fait une courtoisie salutation :

— Seriez-vous, monsieur, lui demanda-t-il, parent de madame la comtesse de Valenfleurs ?