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— Vas-y donc, gourmand, dit la Gouape en riant ; t’es un malin, toi, t’aimes l’ouvrage bien faite.

— Un peu, mon neveu ; c’est pour cela que je vais reluquer cette piaule, répondit Caboulot sur le même ton.

Et sans prendre autrement congé, le bandit quitta la remise.

Le Mayor consulta sa montre.

— Hum ! dit-il, trois heures moins le quart.

— Il n’y a pas de soin, fit la Gouape, il ne fait pas jour avant quatre heures et demie, et puis, à cette époque de l’année, ces feignants de paysans n’ont rien à faire dans leurs champs, ils n’y viennent pas avant sept ou huit heures.

Dix minutes s’écoulèrent, le Mayor commençait à s’impatienter, lorsque Caboulot reparut.

— Je ne sais pas si j’ai bien fait d’aller voir, dit-il.

— Est-ce qu’ils ne sont pas couchés ? demanda vivement le Mayor.

— Je vous crois, qu’ils ne sont pas couchés, ni envie de l’être ; ils sont dans leur salle à manger, où ils gobichonnent, que c’est un beurre, quoi !

— Mort diable ! voilà qui est contrariant, s’écria le Major ; est-ce que la détonation des revolvers s’entendrait de la route ?

— Non, c’est trop loin. Faut brusquer l’attaque, les bloquer dans la salle à manger pour qu’ils ne puissent pas aller chercher des armes ; on jouera du surin, on ne tirera qu’à la dernière extrémité, à moins que vous préfériez remettre la partie à une autre nuit ? ajouta Caboulot en s’adressant au Mayor.

— Non, dit nettement celui-ci ; puisque nous sommes ici, finissons-en tout de suite.

— Bon ! alors c’est dit : allons-y, camaros, et ne flanchons pas.

— Il n’y a pas de soin ! répondit la Gouape, au nom des autres ; cristi, il va y avoir de l’amuse, nous allons rigoler.

— Maintenant, mets une sourdine à ton galoubet, si tu ne veux pas que je te casse la margoulette ; en route.