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paraît que ce tour a mal tourné pour eux ; alors ils ont redoublé de précautions ; la femme alla se cacher à Montmartre, et Blanchet, laissez-moi l’appeler ainsi, se sauva tout courant dans une maison qu’il a achetée il y a quatre mois à Drancy, probablement pour s’en faire un refuge en cas de danger. Comme je vous l’ai dit, ils s’y réunissent tous les soirs, en ayant bien soin de ne jamais y venir ensemble, et d’arriver par des chemins différents.

— Tout cela est positif ?

— D’une exactitude rigoureuse, je vous en donne ma parole.

— Bien ; continuez.

— Aussitôt que j’ai eu découvert le nid, j’ai naturellement cherché les moyens d’y pénétrer. Voici ce que j’ai fait : d’abord, je me suis déguisé en vitrier ambulant, et je suis venu du Bourget à pied à Drancy, mes verres sur le dos et un mètre en guise de canne. La maison dont je vous parle est située au beau milieu de la plaine du Drancy-Bourgot ; elle est complètement isolée et éloignée de plus d’une portée de fusil des dernières maisons du village ; elle est assez belle, a un rez-de-chaussée exhaussé sur un sous-sol, un premier, et se termine par un toit à l’italienne, surmonté d’un belvédère ; elle a des fenêtres sur les quatre faces, elle est bâtie entre cour et jardin, le jardin est grand et très touffu ; de loin, son aspect est agréable et confortable ; on y arrive par deux chemins, l’un aboutissant à la gare du Bourget, l’autre finit ou commence, comme il vous plaira, à l’avenue des peupliers ; en somme c’est, ou ce doit être une agréable résidence d’été ; je n’en dirais pas autant pour l’hiver, car tous les vents doivent se donner rendez-vous dans cette immense plaine nue et y faire un sabbat endiablé.

— Bien, nous connaissons maintenant la maison à l’extérieur.

— Vous la connaîtrez bientôt à l’intérieur ; je l’examinai attentivement en marchant le long de l’avenue des peupliers pour me rendre au village. Les habitants de Drancy, je ne dis pas cela pour les flatter, sont bien les