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minutes, nous serons au château de M. Ladoucette.

— C’est cela même, répondit Caboulot. Combien de temps vous faut-il pour faire ce trajet ?

— Quarante minutes au plus, en marchant bien, mais pas assez vite pour éveiller des soupçons ; seulement si la route départementale est déserte, nous pourrons gagner cinq ou six minutes.

— C’est bien, dit le Mayor, partons ; prenez avec vous Antoine sur le siège, vous lui expliquerez mes intentions ; d’ailleurs, il sera mieux que derrière la voiture.

— J’obéirai à monsieur, répondit le cocher.

Il remonta sur son siège et reprit les rênes.

Les deux hommes rentrèrent alors dans la voiture, fermèrent la portière, et le huit-ressorts partit aussitôt dans la direction de la rue Lafayette.

À peine les chevaux avaient-ils pris leur élan, que la voiture se croisa avec une ronde de police débouchant au petit pas de la rue Lafayette.

Comme toujours, les dignes agents arrivaient, cette fois encore, trop tard.

Caboulot les désigna en riant au Mayor, qui haussa les épaules.

— Maintenant, dit Caboulot, nous voici tranquilles.

— Vous ne craignez pas que vos hommes se fatiguent d’attendre ? demanda le Mayor.

— Non, il n’y a pas de danger, je les ai prévenus que je ne serais pas de retour avant trois heures du matin ; nous avons de la marge.

— Très bien ; à présent, nous vous écoutons, ami Caboulot ; notre ami M. Romieux ne serait pas fâché d’être enfin renseigné sur cette affaire, dont il ne sait pas le premier mot encore.

— Tu te moques de moi, grommela Felitz Oyandi.

— Pas le moins du monde ; je plaisante… Quel affreux caractère tu as ; et moi qui comptais te faire une surprise très agréable ; sur ma foi ! je suis bien tombé, avec un gaillard comme toi, toujours hérissé comme un fagot d’épines.