celui qui l’avait renversé, il ne s’était pas écoulé trois minutes.
Quant à l’apathie apparente des assistants, voici d’où elle provenait :
Julian, en voyant tomber la jeune fille, s’était élancé vers elle, s’était penché sur son corps et avait examiné anxieusement sa blessure.
Les chasseurs, en proie à la perplexité la plus grande, avaient tout oublié pendant un instant pour ne songer qu’à la malheureuse victime et connaître définitivement ce qu’ils avaient à craindre ou à espérer.
Ces hommes à cœur de lion pleuraient comme des enfants en contemplant les traits de l’intéressante victime qu’ils croyaient en danger de mort. Tout autre intérêt disparaissait pour eux devant celui-là.
Tout à coup Julian se releva, serra affectueusement la main du jeune comte en proie au plus violent désespoir, et le sourire le plus encourageant sur les lèvres :
— Rassurez-vous comte, lui dit-il presque gaiement ; Dieu a permis que la main de ce misérable tremblât au moment d’accomplir son épouvantable forfait ; la blessure de notre chère Vanda n’est rien, une simple égratignure à laquelle, dans deux ou trois jours, elle ne songera plus que pour en rire. La balle n’a tait qu’effleurer les chairs ; un pouce plus à gauche, elle était morte ; mais grâce à Dieu, je vous le répète, ce n’est rien.
— Serait-il possible, mon ami ! s’écria le jeune homme haletant d’espoir, mais craignant encore qu’il ne se réalisât pas ; mais ce sang ?
— Je vous donne ma parole d’honneur, comte, que notre chère Vanda ne court aucun danger, reprit sérieusement Julian ; quant à ce sang qui vous effraye, il provient de quelques vaisseaux sanguins du tissu superficiel brusquement déchirés par le passage de la balle ; ce sera pour notre chère malade, après tant de cruelles émotions, une excellente saignée, ajouta-t-il en souriant.
Et il acheva le pansement, ce qui ne fut pas long.
Le Mayor s’était à demi redressé sur un coude.