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— Non ! s’écria résolument la jeune fille, je ne veux pas rester ici davantage ! pas une minute ! pas une seconde ! Qui sait si vous me retrouveriez vivante ? D’ailleurs, c’est pour moi, pour moi seule, que vous risquez si généreusement votre vie ; je dois, je veux rester avec vous, quoi qu’il arrive !

— Viens donc, ma bien-aimée ! s’écria le jeune comte avec un enthousiasme fébrile ; je te ferai un rempart de mon corps !

— Oui ! oui ! allons, reprit-elle en se levant et rattachant vivement les longues tresses éparses de ses magnifiques cheveux en même temps qu’elle s’enveloppait d’une mante qui se trouvait sous sa main.

— Arrêtez ! il est trop tard ! s’écria la Venette en accourant. J’ai reconnu les cris d’appel de mes anciens camarades ! Dans un instant ils seront au pied de l’escalier qui conduit ici.

— Si ce sont eux qui viennent ici, c’est qu’alors il battent en retraite ! s’écria Julian. Venez, venez, le succès de la partie est en notre main.

Ils se précipitèrent dans le premier salon servant, comme on le sait, de geôle aux gardiens de la jeune fille.

La porte des souterrains était ouverte.

Les cris et les coups de feu retentissaient avec un fracas effrayant, doublés et triplés encore par les échos des voûtes.

Julian ordonna d’un geste à ses compagnons de se retirer en arrière, puis, se penchant sur l’escalier et portant les deux mains à sa bouche, il poussa à deux reprises le cri de l’épervier d’eau, son ancien signal avec Bernard dans les hautes savanes américaines du Farwest.

Puis il écouta anxieux.

Presque aussitôt le même cri lui répondit, mais assez éloigné encore.

— C’est bien, dit Julian en se redressant froidement ; je ne m’étais pas trompé, ce sont nos amis ; soyons prêts, le moment venu, à les soutenir vigoureusement !

Le comte Armand fit asseoir sa chère Vanda à l’écart