Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bien. Qu’allons-nous faire-là ?

— C’est dans ce village que nos tourtereaux ont fait leur nid.

— Bon, je comprends.

— Votre cocher et votre valet de pied sont-ils sûrs ?

— Dévoués jusqu’à la guillotine inclusivement.

— Alors tout va bien. En arrivant rue Lafayette, vous donnerez la direction véritable par la barrière de Pantin, nous reviendrons par Aubervilliers ; d’ailleurs, en voyant une voiture de maître comme celle-ci, les gabelous ne se douteront jamais que c’est nous qui avons fait le coup.

— Parfaitement raisonné, dit le Mayor en soufflant la cendre de son cigare.

— Il me semble, dit alors Felitz Oyandi, assez vexé du rôle effacé auquel il était condamné, que rien n’empêche plus maintenant Caboulot de continuer son récit ?

— Encore un moment de patience, s’il vous plaît, monsieur Romieux, répondit le Mayor avec un rire narquois ; nous voici au coin du boulevard Haussmann, il faut maintenant donner de nouvelles instructions au cocher.

Felitz Oyandi rit un geste d’assentiment, et se renfonça tout grommelant dans un coin de la voiture.

Il était une heure et demie du matin.

— Sapristi ! dit Caboulot entre haut et bas, voilà des gaillards qui doivent rudement détaler.

— Oui, dit le Mayor ; ils font facilement leurs quatre lieues à l’heure ; où allons-nous ?

— Rue Taitbout, au coin du boulevard Haussmann.

La rue Taitbout et le boulevard Haussmann étaient complètement déserts. Quelques fenêtres seules, aux étages supérieurs des maisons, étaient encore éclairées.

Là veillaient sans doute quelques ouvriers ou ouvrières dont le laborieux travail n’était pas encore achevé.

La voiture s’arrêta à l’endroit désigné.

La portière fut ouverte par le valet de pied.

Le Mayor et Caboulot descendirent.

Sur l’ordre du Mayor, le valet de pied remplaça provi-