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manières aristocratiques, qui évidemment le gênaient aux entournures de son costume d’emprunt.

— Oui, en toute sûreté, répondit le Mayor.

— Eh bien, j’ai découvert le pot aux roses.

— Oh ! oh ! que me dites-vous là ?

— Vous allez voir, mon maître. C’est assez rigolo tout de même, et je peux dire que j’ai eu diablement de la chance.

— De quoi s’agit-il donc ? demanda Felitz Oyandi, dont la curiosité s’était réveillée.

— Tais-toi et écoute. Comme je te l’ai dit, c’est surtout de toi qu’il est question.

— Je ne comprends pas ?

— Un peu de patience, que diable ! Parlez, ami Caboulot.

— D’abord, j’ai trouvé le nid des deux tourtereaux.

— Bon ! est-ce qu’ils seraient…

— À présent, je ne sais pas, mais ce qui est certain, c’est qu’ils se sont aimés dans le temps. Ils sont du même pays ; je crois même qu’ils ont dû se marier ; mais la jeune fille, qui voulait voir Paris, s’est fait enlever ; et, l’amoureux, désespéré, s’est fait matelot. Il y a un an environ, ils se sont par hasard retrouvés en Angleterre ; depuis lors, il ne se quittent plus ; ils sont venus ensemble en France. Depuis dix mois ils sont arrivés à Paris ; pour des raisons que je n’ai pu savoir, ils ont chacun un domicile séparé ; ils feignent en public de ne pas se connaître. La femme tire les cartes et dit la bonne aventure ; lui, il se promène. Il paraît qu’il est riche ; le fait est qu’il ne fait absolument rien. Le soir, ils se réunissent à un endroit désigné, et ils s’envolent de compagnie vers leur nid, où ils passent la nuit ensemble ou séparément, cela est leur affaire. Mais le matin, ils partent chacun de son côté, et, ni vu ni connu, je t’embrouille.

— Pardieu ! voilà de précieux renseignements ! Comment diable vous les êtes-vous procurés ?

— Avec la clef d’or, qui ouvre toutes les portes, mon