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d’hui même de roder aux environs pour la reconnaître ; me comprenez-vous ?

— Pas très bien ; dans quel but cette reconnaissance ?

— Afin de s’y introduire à la première occasion, avec une bande de gredins comme lui.

— À quoi bon ?

— C’est ce que je vous expliquerai bientôt.

— Comme il vous plaira ; mais cela ne me dit pas…

— Voyons, c’est cependant limpide : j’ai abandonné la piste du Mayor, qui ne m’intéressait plus.

— J’y suis ! s’écria le policier, pour vous mettre sur la piste du Loupeur !…

— Tout juste.

— Et vous avez retrouvé ses traces ?

— À la rue Thibaut ; de là au carrefour de l’Observatoire, et enfin à la station des voitures ; alors j’ai interrogé le surveillant, qui m’a appris qu’un individu d’assez mauvaise mine, il y a trois quarts d’heure à peu près ; avait pris une voiture en ordonnant au cocher de le conduire à place de la Bastille, au coin de la rue de Lyon.

— Je comprends parfaitement. Mes compliments, monsieur. Sur ma foi, vous êtes un rude homme. Quel malheur que vous ne vous soyez pas mis dans la police ! quels services vous auriez rendus !

— Bah ! dans un pays de routine comme la France, dit Bernard en riant, on aurait trouvé cent mille raisons pour me prouver que mon système est mauvais, et on aurait refusé de l’adopter. Cette innovation aurait gêné et dérangé trop de braves gens qui vivent comme des coqs en pâte munis de douces sinécures.

— Ce n’est que trop vrai ! dit le policier avec un soupir étouffé.

Et comme Bernard avait du temps devant lui, il raconta en détail à M. Pascal Bonhomme la visite de William Fillmore, et comment, après cette visite si intéressante, une émigration générale pour s’installer rue de Reuilly avait été décidée et exécutée immédiatement.

— C’est bien joué ! dit le policier ; mais vous me per-