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Puis, après avoir pris congé du surveillant, il revint vers sa voiture.

Son visage était radieux.

Le cocher ne comprenait rien à ce manège ; il n’était pas éloigne de croire que sa pratique était folle.

— Un louis pour vous, lui dit Bernard, si dans une demi-heure vous me conduisez au faubourg Saint-Antoine !

— Ça va, bourgeois, s’écria le cocher joyeux ; à quel endroit ?

— À cinquante pas avant la rue de Reuilly.

— Convenu ; montez-vous près de moi, bourgeois ?

— Non, ce n’est plus la peine, répondit-il en ouvrant la portière et reprenant sa place dans l’intérieur ; allez, et bon train !

— Soyez calme, bourgeois, dit le cocher. Hue, cocotte ! ajouta-t-il en enveloppant son cheval d’un formidable coup de fouet.

Les chevaux des voitures de place sont très intelligents. Celui-ci comprit qu’il n’était plus temps de s’amuser, et il partit d’un train d’enfer.

— Nous les tenons ! dit Bernard en se frottant les mains à s’enlever l’épiderme.

Tahera souriait toujours.

Le policier regardait le coureur des bois d’un air si ébahi, que Bernard lui rit au nez sans cérémonie.

— Vous ne comprenez pas ? lui dit-il en riant.

— Je l’avoue en toute humilité, répondit le policier.

— Je parie que Tahera a compris, lui ?

— Oui, répondit laconiquement le Comanche.

— Hum ! fit le policier avec dépit, il paraît alors que je suis un niais ?

— Pas le moins du monde, cher monsieur Bonhomme.

— Cependant, il me semble…

— Il vous semble mal, voilà tout. Écoutez-moi, et vous allez tout savoir.

— Je vous avoue que je n’en serais pas fâché.