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à marcher les bras derrière le dos et la tête légèrement penchée vers le sol.

Le policier ne comprenait rien à la manœuvre singulière du coureur des bois. Plusieurs fois il fut sur le point de l’interpeller et de lui demander quelle lubie lui passait par la tête.

Mais chaque fois, au moment d’ouvrir la bouche, il s’arrêta net, en voyant les sourcils froncés et l’air préoccupé de Bernard.

À la hauteur de la rue Thibaut, le coureur des bois ordonna au cocher de faire halte. Puis, coupant la chaussée en droite ligne, il s’engagea dans la rue Thibaut, la suivit dans toute sa longueur, et, arrivé à l’avenue d’Orléans, il s’arrêta, sembla examiner le sol pendant quelques instants, enfin il ordonna au cocher d’un geste de venir le rejoindre.

Lorsque la voiture eût débouché sur l’avenue d’Orléans, Bernard remonta, mais au lieu d’entrer dans l’intérieur, il se plaça près du cocher.

— Bon train jusqu’au carrefour de l’Observatoire ! lui dit-il.

La voiture partit au grand trot.

Le policier se donnait au diable pour deviner cette énigme que le coureur des bois lui posait.

Tahera souriait. Il avait compris.

Au carrefour de l’Observatoire, Bernard redescendit de nouveau et recommença à examiner attentivement le sol, allant, venant, regardant à droite, regardant à gauche, se baissant, se relevant, semblant se consulter, puis reprenant son examen.

Tout à coup il se frappa le front, pivota sur lui-même et se dirigea vers la station des voitures du boulevard Montparnasse.

Là il recommença son examen, mais il fut court. Il s’approcha du surveillant de la station, le salua poliment et échangea quelques paroles rapides avec lui.