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D’ailleurs, le comte Armand était, lui aussi, fort inquiet de sa mère, et désirait vivement non seulement la revoir, mais encore s’assurer qu’elle était véritablement en sûreté dans la nouvelle retraite que Julian lui avait choisie.

Ils retournèrent donc à l’hôtel.

Mais il était déjà trop tard. Les dames étaient parties depuis un quart d’heure.

Les trois hommes n’eurent pas besoin de se consulter ; leur résolution fut prise en une seconde : tous trois avaient la même pensée au cœur. Julian fit atteler une voiture, et, dix minutes plus tard, ils partaient eux aussi pour la maison de la rue de Reuilly, où leur arrivée fut saluée par les dames avec de véritables exclamations de joie.

Pendant ce temps-là, le Mayor et ses deux complices essayaient de donner le change à notre ami Bernard Zumeta.

L’observation faite par Bernard à ses amis était juste.

En effet, cette fois, le Mayor avait commis une faute grossière, ce qui était extraordinaire de la part d’un homme d’un esprit aussi fin et aussi délié que le sien.

Sans doute, énervé par une longue lutte, sentant ses ennemis sur ses talons, se voyant presque forcé, il n’avait plus eu qu’une seule pensée, s’éloigner au plus vite, n’importe comment ; en un mot, la fièvre de la peur l’avait pris, il avait perdu la tête, son sang-froid l’avait abandonné, et alors il n’avait plus raisonné avec cette logique implacable qui le caractérisait.

Telle était la pensée de Bernard, et il ne s’était pas trompé.

En effet, en atteignant la Chaussée du Maine, le Mayor avait vu sortir d’une cour une voiture vide dont le cocher conduisait le cheval par le mors. Le fugitif avait jeté un regard rapide autour de lui.

Sur la chaussée il n’y avait que quelques rares passants marchant fort vite, sans regarder ni à droite ni à gauche, et pas une seule voiture en vue sur toute la longueur de la chaussée, depuis le pont du chemin de fer de l’Ouest jusqu’à l’église de Saint-Pierre de Montrouge.