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vous en prie, veuillez être notre interprète auprès d’elle et lui exprimer tout ce que nous éprouvons d’admiration et de respect pour sa noble conduite.

— Je lui répéterai vos généreuses paroles, cher frère, dit la comtesse avec un séduisant sourire ; elles complèteront, j’en suis certaine, sa guérison.

— Je vous remercie, chère sœur, répondit-il sur le même ton ; je ne pouvais avoir un plus charmant et plus aimable interprète.

— Bien ! reprit-elle finement, maintenant faites-moi connaître le but véritable de votre visite matinale ?

— Bon ! répondit-il en riant, comment savez-vous si ma visite a un autre but que celui de vous voir ?

— Je le devine, mon cher Julian. Dans les circonstances anormales où nous nous trouvons, quand vous avez la tête bourrelée de tant de choses sérieuses, vous n’êtes pas homme à perdre ainsi votre temps en vaines cérémonies et à bavarder avec des femmes.

— Si aimables qu’elles soient d’ailleurs, dit Denizà avec un sourire légèrement railleur. Exécutez-vous, beau ténébreux, et venez au fait.

— Oui, oui, exécutez-vous, monsieur le diplomate, ajouta Mariette en riant.

— Les femmes sont des démons… c’est-à-dire des anges ! La langue m’a fourché ! s’écria-t-il en riant ; eh bien ! soit, j’en conviens : ma visite avait encore un autre but.

— Dites vite ! s’écria la comtesse.

— Oui, oui ! répétèrent les autres dames.

— Vous le voulez, je m’exécute. Seulement promettez-moi de faire ce que je vais vous demander, et ce, sans exiger des explications qui seraient trop longues en ce moment, mais que je vous promets de ne pas vous refuser ce soir.

— Hein ! C’est bien grave, cela, dit Denizà.

— Il promet de nous tout révéler ce soir, fit observer Mariette.