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— Non pas ! La situation est toujours la même ! s’écria vivement le Manchot ; seulement il faut se hâter et agir tout de suite et sans hésiter. Eh ! eh ! n’avons-nous pas la certitude que la comtesse est seule à l’hôtel, en compagnie de mesdames Zumeta et d’Hérigoyen, alias Denizà, avec ses domestiques, dont trois au moins sont payés par nous ? Ne doivent-ils pas nous ouvrir eux-mêmes la porte de l’hôtel ? Eh ! eh ! pendant que les coureurs des bois nous cherchent bien loin, pourquoi n’irions-nous pas faire une petite visite à domicile à ces charmantes et intéressantes dames ? Toutes les chances sont pour nous, il me semble ; qu’en dites-vous, monsieur le Loupeur ? Eh ! eh ! c’est une idée, cela !

— Mais notre ami est blessé, dit le Mayor. Cette contusion doit le faire horriblement souffrir et lui enlever une grande partie de ses forces ; et peut-être y aura-t-il bataille.

— Ce serait tant mieux, car alors cela me rendrait toute mon énergie ; l’espoir de la vengeance me soutiendrait et me donnerait des forces. Mais, je vous prie, ne vous occupez pas plus de ma blessure que je ne m’en occupe moi-même.

— Eh bien ! que pensez-vous du plan de notre associé ?

— Je le trouve mauvais et irréalisable, dit nettement le Loupeur.

— Eh ! eh ! fit le Manchot, vous tranchez carrément les questions, mon maître.

— C’est possible. Vous allez reconnaître que j’ai raison : d’abord nous ne sommes pas en Amérique, mais à Paris, où on ne force pas en plein jour un hôtel dans le quartier le plus peuplé et le plus riche de la ville, comme on forcerait la mansarde d’une couturière. À peine auriez-vous pénétré dans l’hôtel que déjà la police serait à vos trousses, vous seriez pris comme dans une souricière, et tout serait perdu.

— Mort-diable ! il y a du vrai là-dedans ! s’écria le Mayor.