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voir un ou plusieurs de leurs complices partager leur sort…

Cependant, vers deux heures du matin, le bandit accablé de fatigues morales et physiques, s’endormit enfin malgré lui d’un sommeil lourd, tourmenté et rempli d’atroces cauchemars.

Vers l’aube, il fut réveillé brusquement et presque en sursaut.

Il voulut crier, mais il sentit qu’il était bâillonné et aveuglé en même temps par une couverture dans laquelle on l’avait roulé, et ficelé comme un saucisson d’Arles.

On le souleva par les pieds et par la tête, et on l’emporta sans qu’un seul mot fût prononcé.

Sa situation se compliquait singulièrement.

— C’est donc pas les roussins qui m’ont pincé, murmura le bandit. Diable ! diable ! c’est encore plus grave que je ne le croyais. Qu’est-ce qu’ils veulent faire de moi ? Ils vont m’suriner, c’est sûr ! En v’là une chance !

En ce moment, il entendit le bruit d’une porte qui se refermait.

Puis, presque aussitôt, on le posa à terre.

Il sentit qu’on le secouait brutalement ; il crut sa dernière minute venue.

Mais soudain les mains se retirèrent, et tout à coup le sol se déroba sous lui : son corps se plia en deux, ce qui fut loin de lui causer une sensation agréable.

Il était pendu par le milieu du corps, il se balançait dans l’espace.

Mais montait-il ou descendait-il ? voilà ce qu’il ignorait.

Dans un cas comme dans l’autre, sa position était très désagréable, et encore plus douloureuse.

La corde passée autour de son corps lui entrait dans les chairs, et de plus le sang, se précipitant avec force à son cerveau, le mettait sous le coup d’une apoplexie foudroyante.

Si ce supplice atroce se fût prolongé pendant deux ou trois minutes encore, il serait certainement mort.