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La sonnette, qui s’était arrêtée un instant, recommença son carillon avec plus de force.

— Ce sont des amis, grommela-t-il ; il faut voir. Ce doit être pressé pour que l’on vienne me relancer jusqu’ici. Il se leva, rajusta ses vêtements en un tour de main.

Puis il se rassit sur le divan et fit jouer un ressort caché dans la muraille, qui lui permettait d’ouvrir sa porte sans se déranger, lorsque quelqu’un de ses affidés sonnait d’une certaine façon convenue.

Un bruit de pas se fit presque aussitôt entendre dans les pièces précédant la chambre à coucher.

Puis la porte de cette dernière pièce s’ouvrit et deux hommes parurent.

Ces deux hommes étaient Fil-en-Quatre et Sebastian.

Sans autrement se déranger, le Loupeur leur fit signe de s’asseoir, ce qu’ils firent aussitôt.

Puis, s’adressant a Fil-en-Quatre.

— Quoi de nouveau ? lui demanda-t-il.

Mais avant de donner la réponse de Fil-en-Quatre, nous rétrograderons de quelques heures, afin d’expliquer au lecteur comment il se faisait que Fil-en-Quatre, si adroitement lacé au beau milieu de la nuit par Tahera, et enfermé étroitement sur l’ordre de Williams Fillmore, pénétrait douze heures plus tard, c’est-à-dire à midi, avec sa désinvolture et son insouciance ordinaire, dans le logis du Loupeur, en compagnie de Sebastian.

Voici ce qui s’était passé :

Lorsque le digne Polyte, dit Fil-en-Quatre, avait été enfermé, bien garrotté, dans la remise, ses idées n’étaient pas encore bien lucides ; il se ressentait de la rude secousse qu’il avait reçue.

Ce n’est pas impunément que l’on frise la mort de si près.

Ses idées tourbillonnaient de telle sorte dans son cerveau bourrelé, qu’il était impossible qu’il se rendit un compte exact de ce qui lui était arrivé.

Il comprenait vaguement qu’il avait couru un grand danger, dans lequel son camarade la Dèche avait, lui, perdu la vie, et à la suite duquel il avait été arrêté.