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l’accès à tout le monde, sauf à certaines personnes qui lui avaient été désignées, causaient avec animation avec le comte Armand.

Le jeune comte était en proie à une vive surexcitation morale, que ses deux amis, malgré tous leurs efforts, ne réussissaient pas à calmer.

Il formait les plans les plus insensés et les plus impraticables pour retrouver sa chère Vanda, et se plaignait avec amertume de la mollesse avec laquelle ses amis prenaient part au coup terrible qui le frappait.

Il s’exprimait en termes qui eussent été très blessants pour ses amis, si ceux-ci n’eussent pas fait la part de la profonde douleur du jeune homme et de l’impétuosité naturelle de son caractère.

À demi étendue sur un sopha, se trouvait la comtesse de Valenfleurs, aux côtés de laquelle, comme deux anges gardiens, se tenaient Denizà et Mariette, pleurant silencieusement, sans paraître entendre rien de ce qui se disait près d’elles.

Sur ces entrefaites, les deux hommes dont nous avons parlé pénétraient dans le salon, dont Charbonneau leur avait ouvert la porte sans difficulté.

Ces deux hommes étaient le garçon marchand de vins, notre ami Bernard Zumeta, et le commissionnaire, M. Pascal Bonhomme, ancien chef de la brigade de sûreté.

— Enfin ! s’écria le comte Armand avec explosion, en les voyant entrer, enfin ! nous allons donc avoir des nouvelles.

Le policier hocha la tête.

— Quant à moi, dit-il en saluant les dames, pour ma part, ce que j’ai appris se borne à très peu de chose. L’enlèvement a certainement été effectué dans la maison de la rue des Acacias, no 96, cela ne fait pas le moindre doute pour moi, les dispositions mêmes de cette maison l’indiquent péremptoirement ; c’était là seulement qu’un rapt aussi audacieux pouvait être exécuté avec des chances presque certaines de succès : cette masure est un véritable coupe-gorge ; on croirait presque qu’elle a été cons-