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secondes, et redevint la noble et vaillante créature qu’elle était bien véritablement.

Elle jeta un dernier regard plein d’épouvante sur le bandit, toujours étendu immobile sur le tapis, et, rassemblant toutes ses forces avec une indomptable énergie, elle s’élança vers la porte de la chambre, dont le verrou intérieur était tiré.

Elle traversa, sans même les regarder, deux pièces, presque en courant, éclairées seulement par les rayons de la lune filtrant à travers les rideaux, trouva pour ainsi dire instinctivement la porte de l’appartement, l’ouvrit d’une main fébrile, n’ayant dans le cœur qu’une seule pensée, fuir au plus vite !

Elle lança derrière elle un regard effaré, comme pour bien s’assurer qu’elle n’était pas poursuivie ; elle laissa tomber avec un tressaillement d’horreur les revolvers que jusque-là elle avait machinalement gardés.

Puis elle franchit le seuil de l’appartement ; et par un mouvement presque inconscient, elle referma la porte en dehors.

Elle s’élança dans l’escalier.

Après avoir descendu trois étages sans savoir comment, elle se trouva dans un corridor obscur.

La jeune fille le suivit à tâtons, prêtant avec crainte l’oreille aux moindres bruits ; craignant à chaque pas de voir surgir derrière elle le redoutable bandit.

Elle eut des difficultés assez grandes pour trouver la porte de cette allée ; cette porte enfin trouvée, elle la palpa fiévreusement pour en chercher la serrure.

Heureusement pour la fugitive, cette porte n’était fermée que par un loquet s’ouvrant facilement de l’intérieur et de l’extérieur ; cette maison n’avait pas de concierge.

La jeune fille ouvrit la porte de l’allée et bondit dans la rue avec un soupir de bonheur.

Elle était sauvée !

Alors, elle s’élança en courant dans la première direction qui s’offrit à elle, sans même savoir où elle allait, n’ayant qu’une seule préoccupation, une idée fixe, fuir