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La pièce dans laquelle on l’avait transportée pendant son évanouissement était une chambre à coucher, meublée avec un certain luxe de bon goût, bien que les tentures fussent passées, et que la plupart des meubles fussent dévernis, tachés, et même déchirés en maints endroits.

Un grand lit en vieux chêne était placé sur une estrade à trois marches, au fond d’une alcôve, et était à demi caché sous les tentures ; un épais tapis d’Aubusson, éraillé et usé par places, couvrait le plancher et l’estrade, Les portes disparaissaient derrière des portières en tapisserie de haute lisse. Une lampe à verre dépoli tombait du plafond et répandait une lumière doucement tamisée. Aux murailles étaient accrochés plusieurs tableaux de maîtres, d’un prix relativement considérable.

Mais ce qui frappait surtout le regard, c’était une grande panoplie, composée de toutes espèces d’armes appartenant à tous les pays et à toutes les époques, depuis le tomahawk de l’Indien peau-rouge de l’Amérique, le sabre à lame de cuivre du Gaulois, jusqu’aux derniers chefs-d’œuvre des Lepage, des Devisme et de leurs émules.

Cette panoplie, placée ainsi dans une chambre à coucher, avait quelque chose d’insolite et de bizarre qui étonnait. Puis venaient des tablettes chargées de bibelots précieux, des consoles, une pendule magnifique en bronze entre deux vases de Sèvres, posés sur la cheminée, des fauteuils de toutes formes, deux divans, etc., etc.

Sur un guéridon, recouvert d’un tapis, étaient posés une cave à liqueurs ouverte, une bouteille d’eau-de-vie entamée, et un verre à pied à bordeaux au tiers plein.

Auprès de ces différents objets et pêle-mêle avec eux, se trouvaient un poignard, deux revolvers à six coups et un casse-tête.

Sans doute en rentrant chez lui, le maître de cet appartement s’était hâté de se débarrasser de ses armes inutiles, en même temps qu’il avait bu un ou deux verres d’eau-de-vie, peut-être pour s’étourdir sur le crime que sans doute il méditait.