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Libre alors, Armand se hâta de se rendre à son appartement. L’heure du dîner approchait, et il lui fallait changer au plus vite de costume pour descendre dans la salle à manger.

Cependant, tout en marchant d’un pas rapide, il réfléchissait.

— Il est évident, murmurait-il, qu’un complot s’ourdit dans l’ombre contre ma mère et contre moi, et peut-être contre Vanda elle-même. Un ennemi nous guette sournoisement, dans notre hôtel même, il a des intelligences avec nos domestiques ; mais quel est le traître ? comment le découvrir ? Faut-il chasser toute la livrée en masse ? Non, cela ne vaudrait rien ; ce serait donner un coup d’épée dans l’eau. Mieux vaut garder le silence et veiller attentivement. Du reste, je consulterai mes amis, et je n’agirai que d’après leurs conseils ; je ne vois pas d’autre solution meilleure que celle-ci ; d’ailleurs, j’en suis convaincu, je réussirai, en m’y prenant adroitement, à contraindre le ou les coupables à se dénoncer eux-mêmes.

Au moment où Armand achevait ses réflexions et sa toilette, la cloche du dîner sonna.

Armand se hâta de descendre et de se rendre à la salle à manger.

La comtesse était pâle et triste ; elle n’était pas encore complètement remise de la douloureuse émotion qu’elle avait éprouvée, en entendant le cri d’agonie poussé par la malheureuse étrangère, au moment où elle avait été frappée par son assassin.

Armand, inquiet de cette pâleur, dont il devinait la cause, s’était empressé auprès de sa mère. Mais ne voulant et ne pouvant rien dire devant les deux jeunes filles, dans l’ignorance où il était de la connaissance qu’elles avaient du sinistre événement qui s’était accompli presque devant l’hôtel, il se borna à demander à sa mère ce qu’elle éprouvait, et si elle était malade, ou seulement indisposée.

La comtesse le remercia avec un doux sourire.

— Je me sens beaucoup mieux, mon enfant, répondit-