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Le jeune homme s’approcha et examina minutieusement la porte.

Elle était bien telle que le maître jardinier l’avait annoncé.

Il n’y avait pas à en douter : il était prouvé, jusqu’à l’évidence, que cette porte avait été ouverte plusieurs fois, et tout récemment.

Par qui ? Pour quelles raisons ? Voilà ce qu’il était plus difficile de savoir, et cependant ce que le jeune homme se promettait de découvrir.

— Il y a un mystère là-dessous, murmura-t-il entre ses dents ; je veillerai.

Cependant les deux garçons avaient rejoint leur maître, et ils s’étaient mis à l’œuvre sous la direction du père Bardot, enfonçant des clous et posant des planches partout où celui-ci le leur ordonnait.

Après un travail assidu de trente-cinq à quarante minutes, les ouvriers s’arrêtèrent.

Tout était terminé.

— Voilà qui est fait ! dit le maître jardinier en riant ; qu’en pense monsieur le comte ?

Le maître jardinier n’avait pas fait de grands efforts d’imagination : il avait tout simplement superposé une seconde porte sur la première, au moyen de planches clouées en haut, à droite et à gauche, sur l’huisserie même, et assurées par de fortes traverses ; des cailloux avaient été introduits de force dans la serrure, sur laquelle ensuite une planche avait été clouée.’

Dans l’état où était maintenant la porte, il aurait fallu de l’artillerie pour la défoncer ; quant à l’ouvrir, c’était tout bonnement impossible.

Le jeune comte remercia chaleureusement les jardiniers qui avaient accompli cette utile besogne, leur recommanda le silence le plus absolu sur ce qu’ils venaient de faire par son ordre. Puis il les congédia et les renvoya à leur travail, non sans leur avoir distribué auparavant quelques louis pour boire à sa santé, générosité qui leur fit grand plaisir.