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homme, doué d’une grande intelligence et d’un courage féroce, est peut-être plus redoutable encore pour nous que le Mayor lui-même, à cause de la connaissance profonde qu’il possède de tous les innombrables repaires de la ville, son habileté incontestable et sa décision dans l’exécution des projets qu’il imagine. Le Mayor ne pouvait être aidé par un plus terrible lieutenant.

— Hum ! hum ! savez-vous que tout ce que vous me dites-là, monsieur, n’est guère rassurant ; je me demande comment nous réussirons à nous tirer du guêpier dans lequel on nous a jetés ?

— Par de l’adresse, de l’audace et de la résolution.

— Nous ne manquons d’aucune de ces qualités, monsieur.

— Je le sais, vous l’avez prouvé bien des fois ; mais il vous manque la connaissance de l’échiquier sur lequel vous êtes contraints de livrer bataille, et la connaissance encore plus nécessaire, pour ne pas dire indispensable, des mœurs, des habitudes et du caractère des misérables que l’on a lâchés comme une meute contre vous. J’admets que vous en tuiez quelques-uns, beaucoup même, cela importe peu, vous finirez par être accablé sous le nombre, et vous succomberez par cela même que vous combattrez loyalement contre des ennemis qui se serviront contre vous des armes les plus odieuses, et que vous ne saurez jamais où les prendre au gîte ; car, le combat fini, ils disparaîtront sans qu’il vous soit possible de les relancer dans leurs repaires, que vous ignorez.

— Je l’avoue, monsieur, tout cela est plausible ; mais comment faire ? Tout ce que vous me faites ainsi toucher du doigt ne s’improvise pas et ne s’apprend point en quelques heures. En effet, nous n’avons que des heures devant nous, et, pour acquérir ces connaissances, il faut de longues études, auxquelles le temps nous manque pour nous livrer.

— Vous dites vrai, monsieur ; mais ce qu’il vous est à vous matériellement impossible d’exécuter, un autre peut s’en charger et vous donner ainsi, non seulement les