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— Bon ! je l’avais oublié, reprit Bernard en se frottant les mains, car à l’approche de la bataille, toute sa bonne humeur était revenue : si les coquins ne sont qu’une trentaine, nous leur passerons sur le ventre ; soyez prêt, ami Charbonneau !

— Je le suis, n’ayez crainte, monsieur ; sapristi ! je dormais de si bon cœur ! Les gredins me le payeront, je vous le promets !

Au même instant, un nouveau sifflement en tout semblable au premier se fit entendre,

— Attention ! reprit Bernard en abaissant toutes les glaces de la voiture.

Tout à coup, plusieurs planches de la palissade de droite tombèrent avec fracas sur le trottoir du boulevard, et une douzaine d’hommes s’élancèrent sur la chaussée, en même temps que des échafaudages de l’église en construction un nombre égal d’hommes surgissaient en poussant des cris et des exclamations de colère.

Ces hommes, sales, déguenillés, à l’aspect sinistre, brandissaient des couteaux et des armes à feu avec des gestes frénétiques de rage et de menace.

Le cocher fouetta son cheval, qui partit au galop.

Plusieurs individus s’étaient échelonnés sur la chaussée, prêts à se jeter au mors du cheval, tandis que les autres s’étaient mis à courir après la voiture, dans l’intention de l’envelopper, ce à quoi, du reste, ils réussirent bientôt.

Bernard ouvrit la portière de son côté, mouvement imité aussitôt de l’autre côté par le chasseur canadien.

Awack ! — en avant ! — cria une voix en langue comanche derrière la voiture.

Awack ! répétèrent Bernard et Charbonneau, en mettant les revolvers aux poings.

Au même instant, des cris de détresse, des blasphèmes et des exclamations de douleur se firent entendre parmi les hideux assaillants.

— Bien ! cria alors Bernard ; à nous, maintenant. Feu !