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— Mon Dieu ! s’écria Bernard en l’apercevant, qu’avez-vous, Charbonneau ? que se passe-t-il ? qu’est-il arrivé ? Parlez, au nom du ciel !

— Hélas ! monsieur, un grand malheur est arrivé… Ma pauvre maîtresse ! ajouta-t-il en se tordant les mains avec douleur…

— Mon Dieu !… est-ce que madame la comtesse ?… s’écria-t-il.

— Rassurez-vous, monsieur, il n’est rien arrivé à madame la comtesse, reprit-il d’une voix sourde. M. Julian d’Hérigoyen est près d’elle ; tous deux pleurent, se lamentent, se désolent et vous appellent à leur aide.

— À leur aide ?… Au nom du ciel, Charbonneau, mon ami, expliquez-vous en deux mots ? Quel est ce grand malheur que vous venez m’annoncer ? Vous savez combien j’aime et je respecte madame la comtesse, et combien je m’intéresse à tout ce qui la touche ! Parlez, mon ami ! mais parlez donc !

Le chasseur canadien jeta un regard anxieux autour de lui, serra les poings avec rage, et d’une voix presque inintelligible :

— Monsieur, dit-il, mademoiselle Vanda a été enlevée il y a trois heures.

Et le rude chasseur, cédant à l’émotion qui le poignait, se détourna pour essuyer une larme.

— Vanda enlevée ! s’écria Bernard avec explosion en se dressant sur ses pieds comme s’il eût été frappé tout à coup par une commotion électrique, en même temps qu’une pâleur cadavéreuse envahissait son visage et qu’une sueur glacée perlait à ses tempes. Vanda enlevée dans l’hôtel de sa mère, au milieu de sa famille et de ses serviteurs ! C’est impossible ! Vous ne savez ce que vous dites ! Sur ma foi de Dieu, vous êtes fou, Charbonneau !

— Non, monsieur, je ne suis pas fou ! répondit le chasseur en hochant tristement la tête, ce que je vous dis n’est malheureusement que trop vrai. Ce n’est pas dans l’hôtel que mademoiselle Vanda a été enlevée.

— Voyons, mon ami, reprit Bernard qui faisait des