Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En ce moment, un coup léger fut frappé contre la porte, et la voix mutine de la servante annonça que le potage était servi.

— Me voici, répondit Bernard en ouvrant la porte.

Il passa aussitôt dans la salle à manger, où sa femme, la charmante Mariette, embellie encore par le bonheur, l’attendait le sourire aux lèvres, en compagnie d’un gentil gamin de cinq ans, au regard éveillé et à la mine espiègle.

Tahera, assis sur une chaise un peu à l’écart, fixait son ami avec une vive expression de plaisir.

Bernard embrassa sa femme avec effusion, serra en souriant la main de son ami et, enlevant l’enfant dans ses bras :

— Bonsoir, monsieur Julian, lui dit-il gaiement.

— Bonsoir, mon père, répondit l’enfant avec un sérieux imperturbable et une voix de basse-taille.

Il embrassa son père à deux reprises, et dès que celui-ci l’eût reposé sur le parquet, il alla se cacher dans les bras de sa mère.

Naturellement, Julian d’Hérigoyen et Denizà avaient été parrain et marraine du fils de Bernard ; de même que Bernard et Mariette avaient été parrain et marraine du fils de Julian.

On se mit à table.

Bernard avait son fils à sa droite et son ami à sa gauche.

Pour un guerrier comanche, Tahera était fort civilisé.

Sauf certaines habitudes invétérées de liberté dont il n’avait pu se défaire, il était, sur ma foi, devenu un véritable gentleman.

Seulement, peut-être n’aurait-il pas fallu trop gratter son épiderme d’homme du monde pour faire reparaître l’Indien bravo.

Cependant, tel qu’il était, il était certes fort convenable, mais il n’aurait pas fallu l’agacer trop.

— Tu es resté bien tard dehors aujourd’hui, mon ami ? dit doucement Mariette.

— C’est vrai, répondit-il prestement, j’aurais voulu, crois-le bien, chère amie, rentrer plus tôt.