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Il reprit son manteau, ouvrit la porte, entra, la referma derrière lui et l’assura avec un verrou de sûreté.

Il se trouva alors dans une longue ruelle, aboutissant par une pente douce à un vaste jardin, fort bien entretenu et très ombreux, à l’extrémité duquel on apercevait les fenêtres éclairées d’une grande et belle maison, bâtie entre cour et jardin, et presque enfouie dans des flots de verdure.

Bernard ouvrit une porte vitrée, traversa un large corridor, monta quatorze marches, franchit une antichambre, une salle à manger, et pénétra dans un cabinet de dimensions assez vastes, garni de bibliothèques cachant complètement les murailles, et dont une table assez grande, chargée de papiers de toutes sortes, occupait le centre.

— Monsieur est en retard ce soir, dit une gentille servante, qui, en entendant son maître monter l’escalier, s’était hâtée d’accourir au-devant de lui, une lampe allumée à la main.

— Oui, répondit Bernard en souriant ; j’ai été retenu plus longtemps que je ne l’avais supposé ; madame est-elle rentrée ?

— Oh ! oui, déjà depuis plus d’une heure.

— Alors, vous servirez quand vous voudrez, répondit Bernard en prenant la lampe des mains de la servante.

Il entra dans le cabinet et referma la porte derrière lui, et, traversant la pièce sans s’y arrêter, il ouvrit une seconde porte et se trouva dans sa chambre à coucher,

Après avoir posé la lampe sur la cheminée, il enferma soigneusement le revolver et le carnet perdus par l’auteur du guet-apens, dont il avait failli être victime, dans le tiroir secret d’une armoire creusée dans la muraille et si bien dissimulée que, à moins d’être certain de son existence, il était absolument impossible de la découvrir.

Cela fait, Bernard se frotta les mains, en souriant avec une expression singulière.

Puis, il jeta son manteau sur le dossier d’une chaise, ôta sa redingote et la remplaça par une robe de chambre en cachemire.