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— C’est bien, dit-il, lorsque le chasseur se tut ; maintenant, je n’oublierai rien.

— À présent, un nouveau conseil avant de nous séparer.

— Parlez, chasseur…

— Ne vous retrouvez plus sur mon chemin, je vous ai fait grâce aujourd’hui ; mais, à notre prochaine rencontre, je serai sans pitié pour vous… Vous m’avez compris n’est-ce pas ?

— Parfaitement ; je vous promets de faire tous mes efforts pour vous éviter.

— Cela vous regarde.

Cinq minutes plus tard, le bandit, les yeux bandés, fut porté par quatre peones à la Rancheria, où il retrouva son cheval et ses armes.

On le mit à cheval et il s’éloigne au petit pas.

— Maintenant, dit Julian, occupons-nous de Sebastian ; il est temps d’en finir avec ce drôle. Charbonneau, faites monter vos camarades à cheval ; vous nous suivrez.

— Je vous accompagnerai, dit don Cristoval.

— Soit ; cher ño Ignacio, veuillez, je vous prie, faire sortir le prisonnier de la calabousse, et donner l’ordre qu’il soit solidement attaché sur son cheval, qu’un peon montera pour plus de sûreté.

Charbonneau et le mayordomo sortirent.

— À propos, don Cristoval, avez-vous assisté jamais aux assises du juge Lynch ? dit Julian d’un air dégagé.

— Jamais, cher don Julian, bien que j’en aie entendu souvent parler, répondit l’haciendero.

— Eh bien, cher señor, s’écria Bernardo en riant, demain vous saurez à quoi vous en tenir : c’est très curieux, vous verrez.

Sur ces derniers mots, les trois hommes quittèrent le salon rouge et se dirigèrent vers la cour d’honneur, où les chasseurs les attendaient.