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tirant sa trousse de médecin de la poche de son dolman, cet homme va mourir s’il n’est pas immédiatement saigné.

— Bah ! laisse-le trépasser, puisqu’il est en train, dit Bernardo en riant, ce sera un bon débarras pour nous. Le mot potence est écrit en toutes lettres sur son front, c’est lui rendre service, car il sera pendu tôt ou tard.

— C’est possible, répliqua froidement Julian, mais sa mort ne nous servira à rien, tandis que sa vie peut nous être utile.

— Comme tu voudras, dit Bernardo avec indifférence, mais je doute que tu tires quelque chose de bon d’un tel misérable.

— C’est ce que nous verrons bientôt.

Par les soins du mayordomo, tout ce qui était nécessaire pour une saignée avait été préparé en un tour de main.

— Quel formidable coup de poing ! dit ño Ignacio avec admiration.

— Oui, il n’est pas mal, répondit en souriant le chasseur, c’était le coup préféré du vieux Daniel O’Carty, de New-York, notre professeur de boxe ; n’est-ce pas Bernardo ?

— C’est vrai, répondit celui-ci gaiement, il le recommandait à ses élèves : bien appliqué, il tue roide l’homme le plus vigoureux.

— Caraî ! je le vois bien ; c’est un joli exercice que la boxe. Quel malheur que je ne sois pas assez jeune pour l’apprendre ! cela peut rendre de grands services, à l’occasion.

— Comme ce soir, par exemple, hein ? fit Bernardo en ricanant.

— Ma foi, oui, répondit le mayordomo sur le même ton.

Tout en bavardant, nos personnages ne perdaient pas leur temps.