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— Retournez près de cet homme et surveillez-le, tandis que je vais congédier les Indiens.

Le mayordomo salua et se retira aussitôt.

L’échange de ces quelques paroles rapides n’avait duré que deux ou trois minutes.

Don Cristoval se tourna de nouveau vers les Peaux-Rouges, qui n’avaient attaché aucune importance à ce colloque.

Il prit congé d’eux de la façon la plus affable.

Il les accompagna dans la cour d’honneur, les vit monter à cheval, ordonna à son fils de les conduire jusqu’à la Rancheria, pour leur faire honneur, et il ne les quitta que lorsqu’il les eût vu sortir en bon ordre de l’hacienda, en emmenant au milieu d’eux les douze mules chargées d’armes et de munitions, dont il leur avait fait présent.

Lorsque le pont-levis eût été relevé et la herse baissée, l’haciendero appela à lui les trois chasseurs et les informa de l’étrange visite qu’il venait de recevoir, en leur demandant leur avis.

— C’est un coup d’audace, dit Julian sans hésiter. Le Mayor essaie de nous intimider ; mais il se trompe, nous saurons lui prouver que nous ne sommes pas accessibles à la crainte. Ce matin même, j’ai fait prisonnier un des bandits de la troupe de cet homme, un de ses plus dévoués complices. Permettez-moi de prendre votre place pour cette fois et de répondre en votre nom à ce soi-disant parlementaire ; j’espère que nous le ferons repentir d’être venu ainsi se livrer sottement entre nos mains

— Faites, mon ami, répondit don Cristoval, n’êtes-vous pas notre chef ? J’approuve d’avance toutes les mesures que vous trouverez à propos de prendre ; les circonstances sont trop graves pour que nous n’agissions pas avec vigueur.

— C’est votre avis ?

— Certes ; et je n’en changerai pas, quoi qu’il arrive.

— Alors tout va bien ; allons !

— Permettez-moi de changer de costume, dit l’hacien-