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prise dans leur grand conseil-médecine ; je les en remercie et j’accepte le secours puissant qu’ils mettent à ma disposition, et qui me donnera la victoire sur les lâches et traîtres ennemis qui, contre toutes les lois de justice et d’honneur, se préparent à m’attaquer, parce qu’ils me croient faible, abandonné et incapable de me défendre contre leur lâche agression. Mes fils les Comanches du Bison-Blanc n’ont pas à déterrer la hache de guerre contre les coyotes faces pâles ; ils n’ont point à leur envoyer les flèches sanglantes, car la paix n’a jamais été faite entre eux et les coyotes. Ceux-ci ont imploré la pitié de mes enfants ; eux, braves et vaillants guerriers, ils ont eu pitié de ces misérables, ils leur ont envoyé des jupons et leur ont fait grâce ; mais ils n’ont pas fait la paix avec ces chiens voleurs et assassins ; ils les ont dédaignés, voilà tout !

» Mais, en fait, ils se sont toujours réservé le droit de les châtier s’ils osaient, en trahison, attaquer un de leurs amis. La guerre existe donc toujours contre eux.

» Voici l’époque des grandes chasses d’hiver ; mes enfants viennent chasser le bison dans les savanes du Rio Gila. Ils savent la trahison que les coyotes faces-pâles méditent contre leur père ; ils prennent les armes pour le défendre. La justice est de leur côté ; le Wacondah, maître tout-puissant de la vie, sourit à leur généreuse résolution, et il les protège, parce que ce n’est pas la guerre que font alors les Comanches du Bison-Blanc, c’est un acte de justice qu’ils accomplissent. Je remercie mes enfants : ils me trouveront toujours prêt à les servir et à me dévouer pour eux quand les circonstances l’exigeront.

» J’ai dit.

» Ai-je bien parlé, hommes puissants ? »

Don Cristoval de Cardenas reprit sa place, au milieu des rumeurs les plus flatteuses.

Après un instant d’un religieux silence, le plus âgé Sachem se leva de nouveau, et reprit la parole.

— Mon père a bien parlé, dit-il, ses paroles sont vraies,