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sur l’étiquette. Permettez-moi de donner quelques ordres pour qu’ils soient bien accueillis. Venez avec moi ; ño Ignacio doit être à l’hacienda : je vous laisserai avec lui, et j’irai me préparer à la réception.

Les trois hommes sortirent alors et se mirent à la recherche du mayordomo, qu’ils ne tardèrent pas à rencontrer.

Après lui avoir donné ses ordres, don Cristoval s’excusa auprès des deux chasseurs de leur fausser ainsi compagnie et il se retira en leur annonçant que bientôt ils le reverraient.

Le mayordomo appela plusieurs peones, avec lesquels il s’entretint à voix basse pendant quelques instants, puis il se rapprocha des deux chasseurs.

— Eh bien, lui demanda Julian, comment se comporte notre prisonnier ?

— Ni bien, ni mal, répondit ño Ignacio ; il n’a pas desserré les dents, si ce n’est pour manger de très bon appétit les vivres que je lui ai fait porter. Que comptez-vous en faire ?

— Cette nuit même, vous en serez débarrassé.

— Avez-vous donc l’intention de lui rendre la liberté ? se récria la mayordomo : songez que c’est un scélérat endurci, indigne de toute pitié.

— Soyez tranquille sur ce point, dit Bernardo, nous le tenons, nous ne le lâcherons plus.

— Que comptez-vous donc en faire ?

— Pas grand’chose, tout simplement lui procurer une entrevue avec le juge Lynch.

— Vous aurez raison ; malheureusement ici, vous le savez, c’est impossible, le gouvernement des États-Unis…

— Le gouvernement des États-Unis, interrompit vivement Julian, n’a rien avoir avec ce qui se passe sur le territoire indien, et c’est dans la savane que nous conduirons notre prisonnier ; nous ne voulons pas l’assassiner : il sera jugé loyalement et aura toute liberté pour se défendre.

— Voilà une excellente idée. Je vous avoue que je donnerais beaucoup pour assister à cet acte de justice.