pas, Vanda se mariera avec toi, à ses dix-huit ans accomplis.
— Deux ans à attendre encore, dit tristement le jeune homme.
— Oui, c’est vrai, dit vivement Vanda, deux ans ; mais deux ans pendant lesquels nous nous verrons chaque jour, à toute heure, où nous pourrons causer et nous promener côte à côte, la main dans la main, comme des fiancés qui s’aiment. Est-ce donc un si grand supplice, monsieur ? Et notre mère, qui a tant fait pour nous, ne pouvons-nous donc pas faire cela pour elle ? Vous avez raison toujours, chère maman ; nous vous obéirons sans nous plaindre ; nous attendrons, nous attendrons patiemment, je vous le promets en notre nom à tous deux !
— Décidément, je suis un affreux égoïste et un sans-cœur, dit Armand, avec un sourire un peu contraint ; je ne pense qu’à moi seul, comme toujours ! pardonnez-moi, chère mère. Vanda a raison ; cela ne pouvait pas être autrement : ce qu’elle vous a dit, je le ratifie et je l’approuve.
La comtesse sourit :
— Non, tu n’es pas un égoïste, mon Armand, lui dit-elle avec tendresse ; mais tu aimes, et tu es impatient et surtout volontaire comme un enfant gâté que tu es, et que tu as toujours été.
— C’est de votre faute, ma mère : pourquoi, au lieu de me corriger, avez-vous été constamment si bonne pour moi ? répondit-il en riant.
En ce moment, Clairette, après avoir doucement gratté à la porte pour annoncer sa présence, l’ouvrit, souleva la portière, s’approcha de madame de Valenfleurs et lui dit quelques mots à voix basse ; la comtesse fit un geste d’assentiment, et Clairette se retira.
— Donnez-vous le baiser des fiançailles, mes enfants, dit la comtesse avec honte.
Armand mit un baiser sur le front de la jeune fille, qui le lui rendit timidement.
— Vas retrouver miss Lucy Gordon, chère mignonne,