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— E finita la comedia ? Bravo ! bravissimo ! s’écria le Mayor en riant. Allons, la chose a été bien exécutée ; je ne puis pas dire le contraire. Voyons, relevez-vous, poltron ? dit-il à son complice, en le poussant du pied ; tout est fini.

Mais Felitz Oyandi ne répondit pas, l’épouvante lui avait fait perdre connaissance.

— Quelle brute ! murmura le Mayor en le regardant avec mépris, s’il avait été seul il serait mort de peur !

Il se pencha sur son compagnon, le souleva et le replaça dans son fauteuil.

Et regardant avec ironie les débris de la glace réduite en poussière :

— Pardieu ! voilà une belle affaire ! dit-il, toujours riant et aspirant la fumée de son cigare : le véritable miracle aurait été de la renverser en la laissant intacte ; sur ma foi ! j’aurais peut-être cru à ce soi-disant avertissement !

Et il haussa dédaigneusement les épaules.


VII

OÙ LES AFFAIRES SE COMPLIQUENT DE PLUS EN PLUS POUR FELITZ OYANDI ET SON AMI LE MAYOR.


Le Mayor avait repris sa place sur le canapé, que la glace avait à peine effleuré dans sa chute.

La scène singulière à laquelle il venait d’assister un instant auparavant semblait n’avoir produit aucune impression sur son esprit.

Le haut du corps un peu rejeté en arrière, le dos appuyé contre le dossier du canapé, la jambe droite croisée sur la jambe gauche, de la main droite il agitait, d’un mouvement machinal, sa cravache qu’il n’avait pas lâchée, de la gauche, il tenait délicatement son cigare au tiers consumé, dont il aspirait la fumée avec une parfaite insouciance, la tête tournée un peu de côté, les sourcils