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— Madame la comtesse de Valenfleurs ! s’écria Denizà, au comble de la joie, en bondissant comme une jeune chevrette et se jetant dans les bras de la comtesse. Oh ! quelle délicieuse surprise ; et se tournant en souriant vers son mari, qui la regardait avec amour : Méchant, qui m’as tant tourmentée, ajouta-t-elle, je te pardonne, car je suis bien heureuse, et c’est a toi que je le dois !

Derrière la comtesse venaient ses deux enfants.

Les embrassades recommencèrent.

Puis, la première émotion un peu calmée, ce fut le tour des confidences.

Elles furent longues, si longues même, que Julian fut obligé d’avertir plusieurs fois sa femme qu’il était temps de rentrer dans les appartements pour recevoir les autres convives attendus.

— À propos, je vous demande à dîner, dit la comtesse en riant. Je ne suis à Paris que depuis une heure à peine, et je n’ai rien chez moi.

— Votre couvert est mis, chère Léona, nous vous nourrirons vous et vos chers enfants. Mon mari m’avait prévenue ce matin qu’il attendait aujourd’hui plusieurs personnes à dîner. Quel dommage ! ajouta-t-elle, que nous ne puissions point passer cette première soirée en famille, nous avons tant de choses à nous dire, après une si longue séparation ! Ces indifférents qui vont s’asseoir à table près de nous gâteront toute ma joie, mais mon mari n’en fait jamais d’autres.

Et elle le menaça gentiment du doigt.

— C’est terrible, répondit la comtesse en souriant ; mais il nous faut en prendre notre parti. D’ailleurs, maintenant que nous habitons pour ainsi dire ensemble, les occasions de nous voir ne nous manqueront pas.

— C’est égal, je suis furieuse !

Julian ne disait rien, mais il souriait de plus belle.

Il offrit son bras à madame de Valenfleurs, et l’on rentra.

À peine était-on assis depuis dix minutes, que le roulement rapide d’une voiture se fit entendre.