bonhomie. Vous offrirai-je un cigare ? j’ai là d’excellents londrès.
— Mille grâces, quant à présent, monsieur ; peut-être plus tard serai-je heureux d’accepter cette galanterie, répondit un peu sèchement le Loupeur ; mais vous-même m’avez fait l’honneur de me dire que nous avions à nous entretenir de choses sérieuses.
— Très sérieuses, en effet, monsieur.
— C’est cela même, monsieur. S’il vous plaît de vous expliquer, je suis prêt à vous entendre.
— Voyons, dit-il, avec une fausse bonhomie : foi de Romieux ! vous me plaisez beaucoup, monsieur.
— Je vous en suis reconnaissant, monsieur.
— C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire ; la première fois que le hasard nous a mis en présence, je me suis senti irrésistiblement attiré vers vous.
— Monsieur, vraiment vous me…
— C’est comme cela, je ne puis m’empêcher de vous le dire… Voyons, voulez-vous jouer cartes sur table avec moi ?
— C’est mon habitude avec tout le monde, monsieur.
— Je le sais et je m’en félicite, monsieur.
— Veuillez donc parler, je vous prie, sans plus de prolégomènes.
— Voilà, vous en conviendrez, fit-il avec un sourire railleur, un mot bien ambitieux dans la bouche du chef de l’armée roulante.
— Hum ! de l’ironie ? reprit sèchement le Loupeur : à votre aise, monsieur Romieux ; mais est-ce en raillant ainsi que vous prétendez jouer avec moi cartes sur table ?
— Nullement, monsieur, s’écria-t-il vivement ; pardonnez-moi cette innocente plaisanterie, je n’y reviendrai plus : vous voulez conserver votre incognito ; soit, je le respecterai.
— Puisqu’il en est ainsi, je m’engage, moi aussi, à respecter le vôtre, répondit le Loupeur avec une expression si narquoise, qu’il fit, malgré lui, tressauter son interlocuteur. Soyez donc tranquille, cher monsieur Romieux,