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dans toute l’étendue du parc et abattaient force gibier.

Comme il était impossible de cacher aux deux jeunes gens les travaux que l’on exécutait de tous les côtés, Julian et l’haciendero, tout en leur recommandant le secret, leur avaient fait une demi-confidence, qui les avait rendus leurs complices.

De sorte que, grâce à eux, ils revenaient quelquefois à l’hacienda chargés de gibier, et alors ils prenaient des airs de triomphateurs qui prêtaient beaucoup à rire aux dames.

Cependant quinze jours s’étaient écoulés depuis le départ du docteur d’Hérigoyen, des deux chasseurs et des batteurs d’estrade.

On n’avait reçu aucunes nouvelles ni des uns, ni des autres.

Les travaux de défense intérieure étaient complètement terminés.

Julian, n’ayant plus rien à faire, avait eu la pensée de construire en bois une immense salle de bal, communiquant avec le principal corps de logis de l’hacienda par une grande porte de derrière, et donnant entrée dans la huerta.

Julian prenait un plaisir d’enfant à orner et à embellir cette salle de bal, placée au milieu d’une pelouse.

Un plancher volant avait été établi, et un énorme velum disposé de façon à laisser circuler l’air, et que l’on pouvait enlever au besoin, servait de couverture et de toit à cette bâtisse élégante et d’architecture mauresque.

Cette fois, les dames ne raillaient plus.

Elles trouvaient charmante l’idée de cette salle de bal en plein air.

Elles n’avaient pas assez de compliments à adresser aux architectes improvisés.

Un matin, un peu avant le jour, Julian, ne pouvant pas dormir, s’était levé, et, après s’être muni de ses armes, qu’il ne quittait jamais, il avait allumé un cigare, et s’était nonchalamment dirigé vers la huerta.