Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Deux ou trois cadavres furent retrouvés cramponnés après les sous-bardes et les haubans de beaupré.

Un de ces cadavres fut reconnu : c’était celui de Joan, le déserteur de la Belle-Adèle.

Était-ce donc cette fois encore le Mayor qui avait tenté ce coup de main hasardeux, et si mal réussi ?

Tout semblait le faire supposer.

La découverte du cadavre de Joan était presque une preuve certaine, puisqu’il était avéré que le bandit l’avait pris à son service à Hermosillo.

Mais si cette attaque avait été exécutée par le Mayor, sans doute il s’était mis à la tête des bandits afin de les exciter par son exemple.

Avec eux il avait dù être lancé à la mer, ou englouti avec les lanchas ?

Avait-il succombé pendant l’attaque, ou avait-il été noyé en se sauvant à la nage ?

Malheureusement il était trop tard pour s’en assurer.

Le sloop avait disparu depuis longtemps déjà dans les ténèbres.

Cette fois encore, le sort de ce misérable devait rester un mystère pour ceux contre lesquels il s’acharnait avec une si atroce férocité.

Les cadavres des bandits furent jetés à la mer pour être dévorés par les requins, qui déjà apparaissaient en troupes nombreuses de tous les points de l’horizon, et la Belle-Adèle remit le cap en route.

Le capitaine Édouard Petit était radieux.

Ce beau fait d’armes le grandissait de dix coudées dans sa propre estime.

Lorsque tout fut remis en ordre à bord, sur l’ordre du capitaine, l’équipage fut appelé à border l’artimon, locution maritime parfaitement comprise des matelots, et qui signifie dans la langue navale que le cambusier fit une distribution d’eau-de-vie aux hommes de l’équipage.

Denizà avait été avertie par son mari de ce qui allait se passer.