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Malgré cette promesse, les adieux furent tristes.

Julian et Denizà avaient une profonde et sérieuse amitié pour madame de Valenfleurs.

Ils lui devaient d’être heureux et réunis.

Enfin il fallut se séparer.

La veille du départ, Bernardo, après une longue promenade à la Nouvelle-Orléans, revint à bord suivi d’un commissionnaire portant une grande malle fort lourde.

Le navire était alors amarré bord à quai.

Cette malle était remplie de vêtements de toutes sortes qu’il avait achetés pour en faire cadeau à Tahera.

Cette surprise causa au guerrier comanche une véritable joie d’enfant.

Depuis quelque temps, il commençait a s’apercevoir que son costume était un peu trop primitif pour la société civilisée avec laquelle il allait vivre et se mêler.

Le jour même, il s’habilla à l’européenne.

Huit jours plus tard, malgré la répulsion instinctive qu’éprouvent tous les Peaux-Rouges à porter des vêtements, il était déjà accoutumé aux siens et s’y trouvait fort à l’aise.

Tahera avait vingt-cinq ans à peine ; bien débarbouillé et débarrassé de ses peintures, il apparut ce qu’il était véritablement, c’est-à-dire un fort beau garçon, un peu rouge, voilà tout.

Le lendemain du jour où la Belle-Adèle avait repris la mer, le navire prit subitement une apparence militaire qu’il n’avait pas eue jusqu’alors.

Les deux canons avaient été hissés de la cale et mis en batterie ; les pierriers, placés sur leurs chandeliers, et des caisses d’armes et de munitions disposées près de la dunette.

Les quarts avaient été militairement distribués.

En un mot, l’allure paisible du bâtiment de commerce avait complètement disparu pour faire place à une crânerie véritablement réjouissante qui lui donnait une apparence de corsaire, bien qu’au dehors il fût impossible