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pas la rendre heureuse, car je me déclare ici son chevalier, et je la défendrai même contre vous. Et maintenant, Monsieur Julien d’Hérigoyen, ajouta le général avec un charmant sourire, permettez-moi de vous dire que tout ce que vous m’avez raconté je le savais beaucoup mieux que vous ; car vous avez passé avec une modestie beaucoup trop grande sur ce que vous avez fait personnellement, ainsi que votre ami, dans ce combat homérique ; je tenais à l’entendre raconter par vous-même. J’ajouterai que j’attendais avec impatience votre arrivée à Urès pour vous témoigner la haute estime que j’ai pour votre beau caractère et vous prouver que je n’ai rien oublié, ajouta-t-il en appuyant sur ces derniers mots.

— Général ! c’est trop, je ne sais comment… murmura Julian.

— Pardon, monsieur, vous et votre ami vous avez été méconnus ; je n’insisterai pas sur ce point, vous me comprenez ; vous aviez droit à une réparation pour tout ce que vous avez injustement souffert : cette réparation, vous m’avez procuré l’occasion de vous la faire obtenir éclatante, sans vous engager autrement que vous l’êtes envers le gouvernement ; sur le rapport que j’ai adressé au maréchal commandant en chef, à propos de ce qui s’est passé à l’hacienda de la Florida, et l’immense service que vous avez rendu au Mexique en anéantissent la cuadrilla la plus redoutée de toutes les frontières ; vous, Monsieur Julian d’Hérigoyen, votre ami, M. Bernardo Zumeta, et Monsieur Cristoval de Cardenas, vous avez été tous nommés chevaliers de la Légion d’honneur ; votre ami don Cristoval doit avoir reçu déjà son brevet ; quant à vous, messieurs, voici les vôtres, veuillez accepter chacun cette croix et me faire le plaisir de recevoir l’accolade, que je tiens à honneur de vous donner, non seulement parce que vous êtes des hommes braves et honnêtes, mais surtout parce que vous avez dignement porté et fait respecter votre qualité de Français.

Cette péripétie singulière et ignorée de tous, car le général avait religieusement gardé le secret de l’acte de ré-