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raient entre eux sur ce qu’ils devaient faire, ils furent à l’improviste attaqués par devant et par derrière par les chasseurs d’Afrique et les Peaux-Rouges ; et malgré une résistance désespérée, ils succombèrent jusqu’au dernier sous les sabres droits des chasseurs d’Afrique et les longues lances des guérilleros et des Comanches.

De ce côté le combat n’avait duré qu’une demi-heure au plus.

Les défenseurs de la Rancheria n’avaient perdu que neuf hommes morts et dix-sept blessés, ce qui n’était rien comparé à l’immense hécatombe qu’ils avaient faite de leurs ennemis.

il en est ainsi dans tous les combats qui se livrent dans les savanes.

On ne fait pas de quartier.

Pendant que ces effroyables événements se passaient, presque sous leurs yeux, les invités dans la salle de bal dansaient avec un entrain véritablement diabolique.

— Bravo ! vive la République ! nous sommes vainqueurs ! s’écria tout à coup une voix joyeuse qui domina les bruits de l’orchestre.

Les danseurs s’arrêtèrent subitement, et tous les regards se fixèrent sur l’homme qui avait annoncé cette bonne nouvelle.

Et, avec un cri général de joie, on reconnut Julian d’Hérigoyen.

C’était en effet Julian, couvert de sang des pieds à la tête ; tenant en main son fusil, dont le sabre baïonnette, faussé, était rouge jusqu’à la douille ; mais les cheveux au vent, l’œil étincelant et la physionomie joyeuse.

Denizà poussa un cri de joie en reconnaissant que son mari, bien qu’il ne se fût pas épargné, n’avait pas reçu même une égratignure.

— Parlez ! parlez ! s’écria-t-on de toutes parts.

— Je le veux bien, répondit Julian en riant, d’ailleurs je puis, maintenant que le danger est passé, vous dévoiler la vérité tout entière, que, par prudence, don Cristoval et moi, nous avions cru devoir légèrement altérer.