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Un instant, le Mayor crut que la chance allait enfin tourner et se déclarer en sa faveur.

Il voulut profiter de ce retour de fortune ; et, groupant tous ses hommes autour de lui, il se prépara à charger une dernière fois, pendant que les coureurs des bois et les Peaux-Rouges étaient trop éloignés encore pour soutenir efficacement leurs amis.

Le Mayor se dressa sur ses étriers et montrant la pointe de son sabre :

— En avant, mil demonios ! cria-t-il d’une voix tonnante ; la fortune ou la mort ! en avant pour les tonnes d’or de l’haciendero.

— En avant ! hurlèrent les aventuriers.

Ils s’élancèrent frémissants de rage et d’espoir.

Mais alors il se passa une chose étrange.

Non seulement une décharge terrible partit de la brèche du parc, mais une seconde décharge plus terrible encore éclata presque à bout portant derrière les bandits.

La retraite leur était définitivement coupée.

La compagnie de chasseurs à pied, après avoir tourné les bandits, s’était couchée dans l’herbe, attendant le moment de faire une diversion décisive.

Elle s’était levée tout à coup, et, après avoir tiré, avait rechargé et s’était lancée a la baïonnette.

En même temps les vaqueros franchissaient la brèche et les Comanches, à droite, arrivaient à pleine course, tandis que les coureurs des bois venaient au pas gymnastique, et, sans ralentir leur feu, barrer le chemin à gauche et derrière les bandits.

La manœuvre des défenseurs de l’hacienda avait été si habilement exécutée, que les aventuriers, sans le soupçonner encore, se trouvaient pris comme dans un immense filet.

Les aventuriers, déjà ébranlés, délogés de la brèche où ils ne réussirent pas à s’établir solidement, essayèrent de se reformer une fois encore, mais non plus pour une