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neur d’être mon ennemi, et a juré de tirer de moi une éclatante vengeance.

Chacun se rapprocha avec intérêt.

Don Cristoval et le docteur étaient au comble de la surprise, ne comprenant pas où le chasseur en voulait venir.

— Continuez, monsieur, dit le général avec courtoisie.

Julian reprit :

— Je fis signe à mon ami Bemardo de me suivre, ce qu’il fit, et je me lançai à la poursuite de ce scélérat. Se doutant que je l’avais deviné, le misérable s’était perdu au milieu de la foule, manœuvrant de façon à se rapprocher de la porte de l’hacienda, laissée ouverte, afin de s’échapper ; mais je suis coureur des bois, je sais chasser un fauve. Au moment où ce drôle se croyait sauvé et allait se précipiter au dehors, je le saisis et Bernardo le prit à la gorge ; il essaya de résister, il voulut même jouer un peu du couteau, mais sans y réussir. Je le fis garrotter solidement, après l’avoir fouillé ; il avait sur lui ce billet que, sans doute, il se préparait à expédier à son ou à ses complices, je ne saurais préciser.

Tout en prononçant ces derniers mots, Julian présenta au général, qui l’ouvrit, un papier plié en forme de lettre.

— Hum ! dit le général après avoir lu deux fois le billet, probablement afin de s’assurer qu’il ne se trompait pas et qu’il avait bien lu ; voici, sur ma parole, une machination.

Et il ajouta, après avoir rendu le billet à Julian, qui le serra précieusement :

— Et cet homme est Français ? Qui est-il ? Cette lettre n’est pas signée ?

— Elle n’a pas besoin de l’être, général ; quand vous verrez l’homme, j’espère que vous le reconnaîtrez.

Julian se pencha alors à l’une des fenêtres et fit un signe.

— On amène le prisonnier, reprit-il.

En effet, la porte s’ouvrit presque aussitôt, et le prison-