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Quant à Navaja, il s’enfonça dans la savane, où bientôt il disparut.

Cinq jours plus tard, Navaja arriva au gué de la rivière Perdue, où le Mayor avait établi son camp depuis la veille.

La retraite des aventuriers n’avait été inquiétée ni par les Coureurs des bois, ni par les Comanches.

Les nombreux éclaireurs lancés dans toutes les directions par le Mayor n’avaient découvert aucune piste.

L’insouciance et la sécurité régnaient de nouveau dans le camp des aventuriers.

Le Mayor était radieux.

Il se croyait certain du succès. Il escomptait déjà la victoire en faisant les plus formidables châteaux non pas en Espagne, mais au Mexique.

L’arrivée de Navaja fut joyeusement accueillie par le Mayor.

L’aventurier lui fit alors un rapport fantaisiste sur ce qu’il avait fait et avait vu.

D’après lui, tout allait le mieux possible.

Les Chasseurs et les Peaux-Rouges établis sur leurs territoires de chasse, poursuivaient les bisons, les élans et les autres animaux avec un entrain admirable, et semblaient avoir complètement oublié les menaces qu’ils avaient faites aux aventuriers.

En écoutant ce rapport, si le Mayor avait encore conservé quelques doutes, ils se seraient évanouis aussitôt.

Seul, Felitz Oyandi apportait une note discordante dans ce concert joyeux.

Quoi qu’il entendit, il hochait la tête d’un air de doute, fronçait le sourcil, et murmurait d’une voix sourde, avec une inquiétude toujours croissante :

— J’ai le pressentiment d’un malheur.

Le Mayor haussait les épaules et lui tournait le dos en riant.