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l’envelopperons, et nous ne ferons pas quartier aux bandits, cette fois, je le jure. Que pensez-vous de ce plan ? Il est bien simple ; mais je crois que, bien exécuté, il réussira par sa simplicité même.

— Fils, ton plan est magnifique. Sur ma foi ! tu étais né pour être général ! s’écria le docteur avec enthousiasme.

— Oui, dit Bernardo en riant, ce plan est magnifique ; seulement il pêche sur un point.

— Allons, bien, fit Julian avec bonne humeur, que tu fais de la critique.

— Dame ! pourquoi pas ? Une fois n’est pas coutume ; d’ailleurs, je suis certain que tous vous reconnaîtrez que j’ai raison, et toi-même le premier.

— Alors, explique-toi, car il est très tard.

— C’est de très bonne heure que tu veux dire ; mais n’importe, passons. Tu as dit que nous quitterions l’hacienda. Charbonneau, toi et moi.

— Eh bien que trouves-tu à redire a cela ?

— Pas grand’chose si ce n’est que tu t’es trompé : Charbonneau et moi nous partirons ; mais toi tu resteras ; tu ne peux, sous aucun prétexte quitter l’hacienda. Tu es notre chef, on ne sait pas ce qui peut se passer ici pendant notre absence ; d’ailleurs, quand ce ne serait que pour rassurer notre chère Denizà, que ton absence désespérerait, tu ne dois pas t’éloigner.

— Vous avez raison, Bernardo, dit vivement le docteur. Fils, tu ne peux pas t’absenter d’ici.

— En effet, appuya don Cristoval, votre place est à l’hacienda, señor don Julian, et non autre part. Si vous vous éloigniez seulement pour un jour, nous ne saurions plus que faire en votre absence.

Julian d’Hérigoyen demeura pendant un instant silencieux.

Mais bientôt il eût pris son parti, et, tendant avec un bon sourire la main à Bernardo :

— Merci, ami, lui dit-il affectueusement, tu me rappelles mon devoir ; je resterai.

— J’en étais sûr, dit gaiement Bernardo, tu me donne-