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revenir rechercher certains papiers précieux contenus dans un meuble en bois de rose demeuré intact ; seul, le mari aurait pu entrer, puisque les verrous étaient mis.

La marquise voulait acquérir une certitude ; elle ouvrit et visita les tiroirs de tous les meubles, rien ne manquait.

Elle poussa un soupir de satisfaction et alla s’agenouiller sur son prie-dieu, joignit les mains, et fit une longue et fervente prière, sans doute pour remercier le ciel d’avoir échappé à l’horrible danger qu’elle avait couru.

Ce devoir accompli, elle changea de vêtements, ceux qu’elle portait étant déchirés et souillés de terre ; puis après avoir tiré les verrous, elle sonna.

Une femme de chambre entra.

Cette femme de chambre était à peu près de l’âge de la marquise dont elle était la sœur de lait, elle était fort jolie, et avait une mine espiègle qui lui allait à ravir.

Elle avait été élevée avec la marquise, qu’elle aimait comme une sœur, et à laquelle elle était complètement dévouée ; cette charmante camériste se nommait Claire Martin, et familièrement, Clairette.

— Oh ! que vous m’avez effrayée, madame, s’écria-t-elle en entrant. Je suis venue deux fois, sans pouvoir entrer ; les verrous étaient mis ; je vous ai appelée, vous ne m’avez pas entendue.

— Je dormais sans doute, chère enfant ; ne me gronde pas, je ne me sens pas bien. J’ai, je crois, une forte migraine, apporte-moi du thé.

— Tout de suite, madame ; ne désirez-vous rien autre ?

— Non, rien ; ah ! si, écoute. Je ne sais pourquoi, je me sens des frissons ; j’ai peur dans cette vieille maison ; tu te feras un lit ici sur ce divan ; je veux que tu passes la nuit près de moi. En sortant, tu ordonneras de ma part à un valet de pied d’aller demain matin chercher le docteur d’Hérigoyen. Je désire le voir avant six heures ; tu m’entends ?

— Oui, madame vous êtes bien pâle, chère maîtresse ; seriez-vous donc véritablement malade ?