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et le conduisit au milieu d’un fourré où il le cacha. Pour plus de sûreté, il éteignit une des lanternes ; cette précaution prise, il fit descendre la jeune femme, et décrochant la lanterne restée allumée :

— Maintenant, madame, dit-il, veuillez, je vous prie, accepter mon bras.

— C’est inutile, docteur, dit-elle en souriant, je tiens à vous prouver que je suis forte.

— Allez donc, madame, je vous suis.

La marquise prit les devants.

Ils descendirent sur la berge, et après deux ou trois minutes, ils atteignirent l’excavation, dans laquelle ils pénétrèrent aussitôt.

C’était une espèce de grotte assez basse, de médiocre étendue, débouchant presque à la ligne de l’eau, et qui, lorsque la rivière était haute, devait être inondée.

L’entrée était encombrée de broussailles, au milieu desquelles la marquise et le docteur furent contraints de se frayer un passage. Cette excavation paraissait être naturelle et produite par quelque commotion du sol ; le fond, ou la muraille, si on le préfère, était formé par des masses granitiques, chargées de lichens et de pariétaires.

La marquise pria le docteur de lever sa lanterne ; elle examina attentivement cette muraille, et posant sa main à une certaine place :

— Regardez, dit-elle, et elle appuya légèrement.

Au même instant toute cette masse granitique tourna silencieusement sur elle-même, sur des gonds invisibles, et démasqua un souterrain assez étroit, mais dont la longueur devait avoir une certaine étendue.

— C’est inouï, murmura le docteur. Qui aurait jamais supposé cela ? Mais ajouta-t-il à haute voix, comment allez-vous faire dans ces ténèbres, madame ?

— Oh ! il doit y avoir une lanterne quelque part, celle dont s’est servie mon mari ; pendant que son complice m’emportait, il marchait en avant, et lui servait de guide.

Le docteur se mit aussitôt à la recherche de cette lanterne, qu’il ne tarda pas à trouver.