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Aussitôt après sa naissance, il avait été remis à une nourrice, magnifique et splendide femme d’un de ses fermiers, que le docteur avait fait venir de son pays quelques semaines avant les couches de sa femme. Cette nourrice était repartie pour Bayonne le jour même où l’enfant lui avait été confié.

Dans les premiers mois qui suivirent la mort de sa femme, le docteur, hors d’état de s’occuper de rien, se contenta de ce que ses amis lui affirmèrent au sujet de son enfant. Plus tard, lorsqu’il songea à se faire attacher à l’armée, le courage lui manqua pour aller voir son fils. Il connaissait depuis longtemps la nourrice ; il était sûr d’elle. Il se contenta de lui écrire une longue lettre dans laquelle il lui donnait des instructions détaillées au sujet de l’enfant, non-seulement sur les soins à lui donner, mais il lui indiquait encore les mesures qu’elle devrait prendre au cas où lui-même serait tué pendant la campagne qu’il allait faire en Afrique. Cette lettre était accompagnée d’une somme d’argent considérable dont une partie était destinée à l’enfant et l’autre appartenait à la nourrice, pour reconnaître les soins qu’elle lui donnait.

Pendant les trois années qu’il passa en Afrique, le docteur écrivit régulièrement à la nourrice par chaque courrier. Il reçut d’elle plusieurs lettres, et il établit ainsi une correspondance suivie entre elle et lui. Il était donc au courant de tout ce qu’elle faisait pour son enfant et parfaitement renseigné sur son compte.

Dès son arrivée à Marseille, le docteur, sans s’arrêter même une heure dans la ville, partit en chaise de poste pour Saint-Jean-de-Luz.

Il avait eu soin d’avertir la nourrice de son retour, il trouva un cheval préparé pour lui au port ; une heure plus tard, il était à la ferme de la nourrice, à Louberria.

L’enfant était fort mal ; le médecin qui le soignait, espèce de rebouteur comme on en rencontre tant encore aujourd’hui dans ces contrées éloignées, ne comprenait rien à la maladie, perdait la tête et traitait son malade de façon