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Un magnifique cheval, de taille moyenne, à la tête fine et intelligente, à l’œil de feu et aux jambes de cerf, tout sellé à la mode mexicaine, mais dont le mors était enlevé, après avoir achevé sa provende, dont on voyait encore les traces sur un zarapé jeté à terre, allongeait la tête vers l’enfant, comme s’il eût voulu protéger son sommeil.

Rien de simple, de frais et de ravissant comme ce tableau.

Au milieu de ce désert peuplé de fauves, de sauvages et de bandits, cette fillette dormait, calme et sans crainte, sous l’œil de Dieu, sans autre protection que son innocence et son ignorance complète des dangers terribles qui l’entouraient de toutes parts, sans qu’elle semblât même les soupçonner.

Armand était au comble de la surprise.

C’était en vain qu’il sondait du regard les profondeurs du bois et qu’il interrogeait le sol.

L’enfant était bien seule, et seule elle était arrivée là.

Mais d’où venait-elle ?

Comment se trouvait-elle là ?

Quel mystère, ou quel crime causait sa présence dans ce coin perdu de la savane ?

Toutes ces questions se pressaient en foule dans l’esprit du jeune homme sans qu’il lui fût possible de répondre à aucune.

— Sauvons-la d’abord, murmura-t-il, nous verrons ensuite ce qu’il y aura à faire.

Il se fraya un passage à travers les buissons, et il pénétra dans la clairière, suivi par Dardar, qui avait refusé de passer le premier.

Au premier mouvement du jeune homme, le cheval s’était redressé, avait poussé un hennissement strident comme un appel de clairon et était venu résolument se placer devant la gentille dormeuse.

Armand s’arrêta indécis, non par crainte, mais pour ne pas effrayer l’enfant, et surtout de peur d’être obligé d’avoir maille à partir avec son brave et dévoué défenseur.