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pour leur voler leur fortune. C’est aux chefs de cette armée loyale que vous déshonorez que je vous livrerai, seuls ils disposeront de vous.

— Qui donc êtes-vous ? s’écria-t-il les traits décomposés par l’épouvante. Que vous ai-je fait pour que vous vous vengiez si cruellement de moi ?

Sans plus se préoccuper du misérable qui se tordait avec une rage impuissante dans ses liens, le chasseur se détourna, laissa tomber sa tête sur la poitrine et s’absorba en lui-même.

Calaveras, ou Felitz Oyandi, s’était aplati sur le sol.

Il était immobile ; veillait-il ? était-il évanoui ? dormait-il ?

Nul n’aurait su le dire.


III

DANS LEQUEL FELITZ OYANDI JOUE UNE PARTIE
DÉCISIVE ET LA PERD.


Les lampes s’étaient depuis longtemps éteintes.

Le feu, presque entièrement consumé, ne lançait plus qu’à de longs intervalles des jets de flamme, presque aussitôt dissipés en fumée.

Par les fentes des volets mal fermés des fenêtres commençaient à filtrer les lueurs blafardes d’une aube pâle et froide.

Un silence profond régnait au dedans comme au dehors de l’auberge.

Tout à coup, un horrible cri d’agonie se fit entendre au milieu du silence, mêlé à des appels désespérés poussés d’une voix étouffée et n’ayant plus rien d’humain.

Cœur-Sombre se dressa aussitôt, un revolver de chaque main, de la chaise où il avait fini par céder au sommeil, en même temps que La Framboise apparaissait à une